1- POINT SUR LES NOUVEAUX CAS ET DECES 17 AVRIL 2020
Les graphiques ci-dessous illustrent l’évolution des nouveaux cas et des décès depuis le début de l’épidémie. En Europe la tendance est une baisse de la hausse quotidienne du nombre de nouveaux cas et de décès. Aux Etats Unis, on assiste à une stabilisation de la hausse du nombre de nouveaux cas.
Aux Etats-Unis, la décrue semble s’amorcer. Le Japon assiste à une reprise de la hausse.
Le gouvernement Japonais vient d’annoncer la généralisation de l’état d’urgence à tout le pays.
2- L’ENJEU SANITAIRE DES DECONFINEMENTS : PEUT-ON ESPERER UNE MAITRISE DURABLE DU NOMBRE DE LITS DE REANIMATION DISPONIBLES?
La question de la date et des modalités du déconfinement est essentielle, car elle conditionne directement le niveau de la reprise économique.Deux études scientifiques viennent de paraître à ce sujet. La première a été publiée par des chercheurs de l’INSERM (https://www.epicx-lab.com/uploads/9/6/9/4/9694133/inserm-covid- 19_report_lockdown_idf-20200412.pdf), la seconde par des chercheurs de Harvard (https://science.sciencemag.org/content/early/2020/04/14/science.abb5793).
Dans les deux cas, la réflexion porte sur les mesures à déployer pour déconfiner, tout en évitant la saturation des services de soins intensifs.
La première étude souligne que ce n’est qu’au prix d’une identification et d’une isolation rapide d’une majorité des nouveaux cas que nous pourrons diminuer les mesures de distanciation sociale. La seconde envisage de maintenir des mesures de distanciation sociale jusqu’en 2022 afin d’éviter qu’une résurgence de l’épidémie ne vienne, pendant cette période, submerger les hôpitaux et ainsi causer de nombreux décès par manque de soins.
L’étude de l’INSERM porte sur la situation de l’île de France où les auteurs considèrent qu’au 5 avril de 1% à 6% de la population a été infectée. La région dispose actuellement de 2000 lits de soins intensifs. Selon l’étude, ce dispositif pourrait être porté à 2500 lits.
Les auteurs envisagent quatre scénarios de sortie du confinement, en fonction de sa durée.
Les quatre scénarios prennent pour hypothèse que les écoles restent fermées et que les personnes âgées restent confinées.
Scénario 1 : 50% des nouveaux cas dépistés et mis en quarantaine, distanciation modérée (50% des salariés en télétravail, 50% des activités non essentielles rouvertes.)
Scénario 2 : seulement 25% des nouveaux cas dépistés et mis en quarantaine, distanciation forte (50% des salariés en télétravail, 100% des activités non essentielles fermées.)
Scénario 3 : 75% des nouveaux cas dépistés et mis en quarantaine, distanciation progressivement faible (25% des salariés en télétravail, 100% des activités non essentielles ouvertes.)
Scénario 4 : 75, puis 50% des nouveaux cas dépistés et mis en quarantaine et alternance mensuelle de périodes de distanciation faible (25% des salariés en télétravail, 100% des activités non essentielles ouvertes) et de distanciation forte (50% des salariés en télétravail, 100% des activités non essentielles fermées.)
De cette étude, il se déduit que plus lent sera le redémarrage économique, plus gérable sera la situation sanitaire. C’est là tout le dilemme des gouvernements, qui souhaitent un redémarrage le plus rapide possible de l’activité économique, tout en maîtrisant la crise sanitaire.
3- STRATEGIES DE DECONFINEMENT MISES EN ŒUVRE
A l’exception de la Grande Bretagne et de l’Etat de New York qui viennent de prolonger le confinement respectivement jusqu’au 7 mai au moins et au 15 mai, d’autres pays commencent à l‘assouplir :
- En Allemagne certains commerces (magasins de moins de 800 mètres carrés , concessionnaires automobiles, par exemple) rouvriront progressivement à partir du 20 avril, les écoles à compter du 4 mai.
- En Autriche, République tchèque et en Italie une partie des commerces ont rouvert.
- Depuis le 16 avril les écoles danoises rouvrent progressivement et à compter du 20 avril les mesures de confinement seront allégées.
- En France, à partir du 11 mai, les crèches et établissements scolaires rouvriront de façon progressive et un retour au travail a été évoqué.
- En Suisse le déconfinement se fera en trois temps :
o A partir du 27 avril, les crèches, les établissements où la distanciation sociale est
impossible (salons de coiffure par exemple), les magasins de bricolage, les jardineries, les fleuristes rouvriront.
o à partir du 11 mai, ce sera le tour des établissements scolaires, de tous les commerces et des marchés.
o à partir du 8 juin les lieux de divertissement et de loisirs (cinémas,
musées, bibliothèques...) rouvriront leurs portes.
- Aux Etats-Unis, Donald Trump a présenté un plan de déconfinement baptisé «Opening Up America Again ». Le déconfinement se feraient par étapes, après que certains critères quantitatifs seront remplis (baisse des nouveaux cas pendant 14 jours consécutifs, capacité d’accueil suffisante des hôpitaux...).
4- L’ENJEU ECONOMIQUE DES POLITIQUES DE DECONFINEMENT : PEUT-ON ESPERER UN RETOUR RAPIDE A UNE ACTIVITE ECONOMIQUE NORMALE ?
Selon ODDO BHF-AM, émettre des prédictions sur l'économie et les marchés parait impossible, tant l’incertitude est forte sur la pandémie elle-même. Personne ne sait vraiment comment les choses vont se dérouler dans l'année à venir. Seul un vaccin ou un traitement efficace disponible dans un délai raisonnable permettrait de stopper la pandémie et de donner un coût à cette crise. Dans l’intervalle, la perturbation sociale et économique va continuer à s'intensifier jusqu'à ce que la propagation du virus commence à s'atténuer.
La société de gestion envisage trois scénarios à horizon de six mois. Ces scénarios sont les suivants :
- SCENARIO CENTRAL (65% DE PROBABILITE) : LA CROISSANCE MONDIALE NEGATIVEMENT IMPACTEE PAR L'EPIDEMIE DE CORONAVIRUS, MAIS LES PERTURBATIONS NE SONT QUE TEMPORAIRES :
Les actions seraient alors à surpondérer, les obligations d’Etat à sous-pondérer.
- SCENARIO ALTERNATIF (25% DE PROBABILITE) : RENFORCEMENT DU PROTECTIONNISME LIE AUX RISQUES GEOPOLITIQUES ET PROPAGATION DE LA PANDEMIE :
Les marchés monétaires japonais et suisse et les obligations d’Etat « core » seraient alors à surpondérer, les actions à sous-pondérer.
- SCENARIO ALTERNATIF (10% DE PROBABILITE) : RISQUE DE TAUX D'INTERET ALIMENTE PAR UNE ACCELERATION IMPREVUE DE L’INFLATION AMERICAINE ET DU CREUSEMENT DU DEFICIT BUDGETAIRE DES ETATS-UNIS :
Les marchés monétaires et les obligations indexées sur l’inflation seraient alors à surpondérer, les actions et les obligations d’Etat « core » à sous-pondérer.
Les analystes de JP Morgan AM revoient de façon hebdomadaire leurs prévisions de croissance aux Etats-Unis. Sa dernière prévision est la suivante :
JP Morgan AM envisage donc un redémarrage de la croissance plus tard que ce qu’elle prévoyait la semaine précédente.
5- QUELLE VISIBILITE SUR LES MARCHES FINANCIERS ?
Le mois de mars a été caractérisé par un krach boursier, avril par un rebond des actions. Force est de constater que les conséquences de cette crise sanitaire ne sont pas encore mesurables, les analyses de JP Morgan ci-dessus indiquées en témoignent.
A présent, les marchés vont se tourner vers les révisions de bénéfices 2020 et les prévisions de bénéfices 2021. Les ratios cours/bénéfices de l’indice américain S&P500 sont aujourd’hui à près de 15. Ce niveau indique que les marchés « pricent » une baisse de seulement 3,2% des bénéfices, ce qui semble sous-évalué.
Il est donc probable que les marchés n’aient potentiellement toujours pas touché leur point bas. Des stratégies de couverture des portefeuilles actions doivent donc être mises en œuvre.